BIOSURVEILLANCE
Biodiversité en mer du Nord évaluée par des tests ADN
Séquencer l’ADN au lieu de compter les petites bêtes: une nouvelle – et meilleure – méthode de surveillance de la biodiversité autour des plateformes pétrolières ouvre des possibilités nouvelles.
En mer du Nord, l’impact des plateformes de forage pétrolier sur l’environnement repose sur l’identification morphologique des animaux des fonds marins. «Et pour la première fois dans cette région, nous avons démontré l’efficacité d’une autre approche: le séquençage à haut débit de l’ADN environnemental », se félicite Florian Mauffrey du département de génétique et évolution de l’Université de Genève.
Le principe de l’ADN environnemental (ADNe) repose sur le prélèvement et l’analyse de l’ADN présent dans un milieu. Sur la base de l’analyse de plus de 100 échantillons de sédiments prélevés à différentes distances des deux plateformes danoises, des scientifiques ont évalué la capacité de trois marqueurs génétiques à saisir les changements de biodiversité.
Après l’extraction des molécules d’ADN des échantillons, l’équipe a utilisé la technique d’amplification en chaîne par polymérase (PCR) qui a ciblé les trois marqueurs choisis. Puis, à l’aide d’un séquençage à haut débit, ils ont déterminé à un faible coût les séquences précises de ces marqueurs génétiques. Les résultats ont été comparés à ceux obtenus à partir des données morphologiques de la macrofaune. Il en ressort que l’impact des activités de forage sur la diversité alpha (nombre d’espèces coexistant dans un milieu donné) et bêta (taux de remplacement des espèces le long d’un gradient) est mieux détecté avec l’ADNe qu’avec la morphologie.
Les scientifiques ont aussi testé des indices biotiques pour évaluer la qualité de l’eau sur la base de la microfaune. Mais l’utilisation de ces indices, basés sur la présence ou l’absence d’espèces indicatrices, exclut l’exploitation de la majorité des données générées par le séquençage de l’ADNe. Or, ces dernières pourraient servir à définir de nouveaux indices biologiques plus précis et efficaces, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles recherches.