Point de vue
«Je n’ai encore jamais eu à défendre quelque chose que je ne voulais pas.»
Petra Studer défend les intérêts des institutions scientifiques suisses vis-à-vis du monde politique. Mais elle préfère ne pas parler de lobbying.
Le réseau FUTURE permet aux institutions de recherche d’entrer en contact et de se coordonner avec le monde politique. Seule employée fixe, Petra Studer est chargée de la coordination. La politologue et vice-présidente des Femmes PLR dirige la société fondée en 2011, dont le budget annuel se monte à 250 000 francs. Le réseau est soutenu par les Académies suisses des sciences, le Conseil des EPF, Innosuisse, le Fonds national suisse et swissuniversities.
Petra Studer, pourquoi préférez-vous ne pas qualifier votre activité de lobbying?
Le terme de lobbying a une connotation négative. C’est pourtant un synonyme de défense des intérêts, un processus démocratique normal. Nous voulons établir un dialogue entre les acteurs de la formation, de la recherche et de l’innovation et la politique fédérale. Les politiciens étant très peu familiers du travail scientifique, nous souhaitons les informer. A la différence de la défense classique des intérêts, nous sommes aussi à l’écoute des demandes, que nous transmettons à nos organisations partenaires.
Comment informez-vous?
Nous répondons aux questions des parlementaires, leur envoyons une newsletter quatre fois par an et informons notre équipe de députés du Conseil national et du Conseil des Etats. Mais ce sont nos organisations partenaires qui sont chargées de participer aux auditions des commissions.
Cet entretien a lieu avant l’initiative de limitation tant redoutée des chercheurs. Pourriez-vous convaincre des parlementaires UDC de changer d’avis?
On ne peut pas convaincre les parlementaires UDC de ne pas défendre l’initiative. Mais les représentantes de la formation, de la recherche et de l’innovation ont expliqué activement les conséquences pour leurs institutions, notamment lors d’une conférence de presse. C’était une première.
Mais vous vous êtes déjà adressée au Parlement lors de projets sur les expérimentations animales.
Oui, bien sûr. Nous élaborons régulièrement des fiches techniques avec des informations des actrices de la recherche. Ce travail est nécessaire pour comprendre les enjeux sans être forcément spécialiste en biologie moléculaire.
Essayez-vous de convaincre les opposants écologistes lors d’expérimentations animales?
Oui, nous leur parlons évidemment, aussi au sein de l’équipe politique. Nous leur disons: «Tu sais que...» Ils répondent: «Je soutiens les hautes écoles, mais je suis pour plus de sévérité dans l’expérimentation animale.» C’est un cercle hétérogène, et c’est complètement normal.
Avez-vous des thèmes favoris?
La promotion des femmes me tient à cœur. Je n’ai encore jamais dû me battre pour quelque chose que je ne voulais pas. Mais je le ferais évidemment si c’était nécessaire.