Dossier: Nouveaux regards sur l’école
Édito: des écoles publiques pour tous
Avoir foi dans le progrès ou complètement le rejeter: ces deux positions extrêmes s’observent également dans l’éducation. L’école publique doit intégrer à la fois les nouvelles technologies et l’aspiration envers la nature, écrit Judith Hochstrasser.
Une élève observe, captivée, les mouvements d’un petit chariot blanc qui clignote. Elle vient d’apprendre à programmer un mini-robot. Une autre rampe dans l’herbe, les yeux fixés sur les insectes. Elle sait ce qu’il faut aux coléoptères pour survivre. Ces scénarios sont une réalité dans les écoles mais suivent des tendances opposées: utiliser au plus tôt les nouvelles technologies ou favoriser la plus grande proximité possible avec la nature. Ils illustrent également deux attitudes typiques face au progrès: foi enthousiaste ou rejet complet.
Paradoxalement, c’est dans des écoles sans écrans que les familles de programmeurs de la Silicon Valley envoient leurs enfants. Le New York Times diagnostique là une nouvelle fracture numérique: le luxe n’est pas d’avoir l’internet le plus rapide ou les derniers ordinateurs, mais de pouvoir payer une école privée et une nounou pour leurs enfants, de leur offrir le luxe du renoncement et des interactions humaines. Ce sont plutôt les classes modestes qui confient la garde de leurs enfants aux écrans. Le pôle de technologie californien a beau être en avance sur son temps, nous retrouvons des tendances similaires en Suisse: de nombreux parents disposant des ressources nécessaires préfèrent envoyer leur progéniture dans une école Steiner ou dans des jardins d’enfants prenant place en forêt, là où il n’y a souvent pas d’écrans. D’un autre côté, certains projets d’école à la maison utilisent les outils d’information du net, alors que les écoles publiques équipent leurs classes avec des robots et des tablettes.
Retour à la nature, ou en avant toute avec la révolution numérique? Si les écoles privées peuvent proposer des offres aux parents ayant des positions extrêmes, les institutions publiques doivent rester des écoles pour tous. Même s’ils partent une fois par semaine en forêt, les enfants ont également le loisir d’apprendre en jouant comment programmer un BeeBot. L’ouverture et la diversité constituent des défis que les écoles publiques ne sauraient ignorer.