Leadership: le hasard fait bien les choses
Il vaut mieux choisir des chefs de manière aléatoire plutôt qu’au vu de leurs compétences, indique une nouvelle étude. Elle montre que les teams menés par des personnes sélectionnées au hasard sont plus performants . La raison? On évite ainsi des chefs trop sûrs d’eux.
Votre chef a toujours le dernier mot? Alors soumettez-lui les résultats d’une nouvelle étude. Elle montre qu’il y a des avantages à choisir des dirigeants de façon aléatoire. «Ces derniers écoutent mieux», explique Berno Büchel, responsable de la chaire de microéconomie de l’Université de Fribourg.
Une expérience en laboratoire a d’abord posé à 176 participants huit questions liées à une problématique différente. Les sujets devaient par exemple estimer quelle portion de la surface du globe était recouverte d’eau, tout en indiquant leur degré de certitude. Berno Büchel a ainsi pu établir qui s’y connaissait ou croyait bien s’y connaître. Les sujets ont été ensuite divisés en groupes de quatre et des leaders sélectionnés. Certains ont été retenus parce qu’ils avaient confiance en eux et que leur incertitude était faible, d’autres parce qu’ils étaient réellement compétents et que leurs réponses étaient particulièrement bonnes. D’autres enfin ont été désignés au hasard.
Dans un second temps, Berno Büchel a posé huit questions sur les mêmes thématiques à tous les groupes et ceci à six reprises. Le chef avait toujours accès aux réponses des membres du groupe et pouvait ainsi adapter ses appréciations à chaque fois. L’équipe n’avait en revanche qu’un droit de regard sur les réponses du leader. Le chercheur a ainsi pu voir à quel point les participants étaient influencés par d’autres.
Le constat est étonnant. Les résultats des équipes dotées de leaders sûrs d’eux ont été globalement plus mauvais. «Ces leaders ont trop d’influence sur l’expertise du groupe. Les chefs choisis au hasard sont moins surestimés par l’équipe et ils sont eux-mêmes plus attentifs à l’opinion des autres. C’est là une compétence importante en matière de leadership», relève Berno Büchel. Les équipes menées par des chefs nommés au hasard s’en sont aussi bien tirées que celles menées par des leaders compétents.
B. Buechel et al.: The Strength of Weak Leaders – An Experiment on Social Influence and Social Learning in Teams (submitted)