Le psautier de Dagulf a été réalisé entre 793 et 795 après Jésus-Christ. | Photo: Christa Hofmann, ÖNB, IfR

Il ne manque ni d’or ni d’argent: le psautier de Dagulf, livre des psaumes richement enluminé conçu entre 793 et 795, fait partie des manuscrits les plus somptueux de l’ère de Charlemagne. Une équipe européenne a étudié pour la première fois les encres, colorants et pigments utilisés à l’aide de l’analyse de fluorescence X. A cette fin, quelque 70 points d’un millimètre ont été radiographiés. Les spécialistes ont employé ce procédé avec deux autres également non invasifs pour protéger ce précieux manuscrit sur parchemin de peau de veau.

De l’or et de l’argent purs ont été utilisés pour le lettrage. Des composés chlorés trouvés dans l’argent et des décolorations sombres trahissent des processus de corrosion. Pour les initiales et les pages de décor, le scribe a choisi de la pourpre extraite de lichens à orseille, du bleu foncé tiré de l’indigo végétal et du bleu clair issu du lapis-lazuli. S’y ajoutent de petites quantités de minium, d’ocre, de cinabre, d’orpiment et de blanc de plomb.

«Les gens du Moyen Age ne se fixaient pas sur les tons particuliers des couleurs, mais les percevaient dans un spectre d’effets de brillance », explique l’historien de l’art Thomas Rainer de l’Université de Zurich. Cela incluait des facteurs tels que le matériau et l’éclat.

Et les couleurs incarnaient divers contenus, comme le montre ce psautier. «La richesse des couleurs du pourpre, avec ses tons et ses nuances, a été associée à la richesse du langage des psaumes de l’Ancien Testament», précise le spécialiste.

D. Jembrih-Simbürger et al.: The Dagulf Psalter (Austrian National Library Cod. 1861): A Multi-Analytical Approach to Study Inks, Dyes, and Pigments of this Early Carolingian Manuscript. Restaurator (2024)