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De la contamination à la consécration
Une attaque de bactéries lors d’une expérience, et tout est fini? Pas pour l’âme d’artiste de l’étudiant en master Elliot Gobet.

La contamination par des micro-organismes (à gauche) s'est muée en bijou surprenant. | Photo: Elliot Gobet
«Quand j’ai vu la plaque, j’étais dépité», se souvient Elliot Gobet. La photo de gauche immortalise ses débuts comme assistant de recherche dans un laboratoire de biologie des plantes à l’Université de Fribourg, fin 2023. L’étudiant de master l’a obtenue en scannant une plaque de culture de pousses d’une plante modèle, l’arabette des dames. Sauf que ce que l’on découvre ici est l’œuvre de micro-organismes rouges et blancs – probablement des bactéries – qui ont envahi le gel d’agar où poussaient les plantes, proliférant notamment le long des racines.
L’expérience devait permettre d’observer la croissance des racines pour un projet visant à développer un herbicide biodégradable. Mais de telles contaminations faussent les résultats et condamnent à tout jeter et recommencer.
«En revanche, ça avait du potentiel pour le concours d’images de la Faculté de biologie de l’Université de Fribourg que ma professeure et un collègue organisent tous les deux ans.» Avec son grand frère Johan, passionné de photo, le scientifique en herbe retouche l’image et teste différentes compositions. «On a rempli le vide, mis en évidence la richesse des textures, le relief des contaminations.» Le second prix de la compétition orne désormais un auditoire. Sur le nouveau montage – présenté ci-dessus à droite – se dessine soudain une vue aérienne intrigante et élégante. Une forêt de petites feuilles vertes le long d’une tranchée ruisselante aux reflets ocre et quelques nuages blancs.
Un retournement de situation que le projet a aussi vécu: l’application d’une substance pour bloquer la croissance sur les feuilles de la plante, testée ici, posait des problèmes techniques et a été abandonnée. Mais le même traitement au niveau des racines semble, lui, prometteur. Pour Elliot Gobet, cette photo est donc avant tout devenue symbolique: «Cette image représente aussi la recherche de solutions alternatives.» Que l’on parle de sublimer un échec expérimental ou de développer des herbicides écoresponsables.