SÉLECTION DE PLANTES
Comment les plantes cultivées pourraient se défendre elles-mêmes
Moins les parasites peuvent attaquer une plante, moins celle-ci se développe. C’est pourquoi les mécanismes de défense des plantes cultivées ont été développés.

Un épi de seigle est attaqué par un champignon de l'ergot de seigle. Celui-ci est toxique pour l'homme et l'animal. | Photo: Ernst Weingartner/Keystone
Les plantes sont confrontées à un défi: évaluer l’énergie à investir dans la défense contre les pathogènes sans trop réduire leur croissance. Une étude a analysé les données de près de 200 espèces de plantes afin de déterminer si elles traitent ce dilemme de manière différente.
Les scientifiques se sont penchés sur un groupe de gènes de résistance qu'on trouve relativement facilement dans le génome et qui peuvent servir d’indicateurs pour estimer ce qu’une espèce végétale investit dans ses défenses. «Nous avons divisé les espèces en plantes cultivées et espèces sauvages», explique Anna-Liisa Laine de l’Université d’Helsinki, auparavant à l’Université de Zurich. «Nous nous attendions à des résultats différents, les humains ayant fortement sélectionné les plantes utiles pour leur rendement.» L’étude a ensuite montré que le conflit d’objectifs attendu existait chez les plantes sauvages – un potentiel de défense plus important réduit donc la croissance. Mais cette relation n’a pas pu être constatée chez les espèces cultivées.
Une raison en est l’absence de gènes de résistance dans les plantes cultivées. Un grand nombre de ces gènes ont été perdus involontairement, les sélections ayant toujours favorisé un rendement maximal plutôt que la résistance. «Contrairement aux espèces utilisées en agriculture, leurs cousines sauvages ont un répertoire bien plus grand de gènes de résistance qui pourrait être utilisé dans de futures sélections», poursuit Anna- Liisa Laine. Ces dernières seraient nécessaires, car les plantes utiles, peu résistantes, ne poussent que grâce au recours important aux fongicides et autres pesticides. Ce qui est incompatible avec une agriculture plus durable.
Il est primordial d’étudier plus précisément les mécanismes de défense, afin d’optimiser les croisements entre les plantes utiles et leurs parents sauvages. Quelques gènes de résistance bien ciblés pourraient s’avérer plus efficaces que des milliers. Une variété de cultures bien optimisée aurait alors le bon nombre de gènes de résistance, lui permettant de continuer à investir dans la croissance.