Groupes de recherche
Plus l’équipe est grande, moins la carrière décolle
Les jeunes scientifiques travaillent souvent au sein de grandes équipes. Cela ne profite pas à la visibilité de leur travail, ni ne favorise leurs chances de carrière académique.

Quand beaucoup de personnes travaillent dans une équipe de recherche, les directions des groupes peuvent avoir du mal à saisir qui parmi elles est capable de faire de la recherche de manière indépendante. | Photo: Christian Beutler / Keystone
Le travail d’équipe est la mesure de toute chose dans la recherche moderne. Il marque des points en termes de diversité et d’interdisciplinarité. C’est aussi pour cela que certains scientifiques demandent que les prix et les distinctions soient attribués aux équipes et non aux individus. Depuis des décennies, les groupes de recherche tendent à grandir. Le nombre d’auteures par publication sert d’indicateur. Et il est passé de 2,1 personnes en 1970 à 4,1 personnes en 2004 et devrait être encore plus important aujourd’hui selon la revue Nature.
Donna Ginther, économiste à l’Université du Kansas, a publié en tant que coauteure une étude sur l’impact de la taille des équipes sur la carrière des jeunes scientifiques. Elle a analysé les données d’une enquête menée sur quarante ans par la National Science Foundation américaine, qui suit la carrière des doctorants. Résultat: chaque auteure supplémentaire par article réduit de 25% la probabilité d’occuper un poste de titulaire et de 11% la probabilité de recevoir des subventions publiques.
Sur le site Statnews.com, Donna Ginther note que «c’est probablement parce qu’on ignore qui fait quoi». Dans de petites équipes, la répartition du travail est assez bien définie. Mais quand l’équipe grandit et qu’on étudie de près les données individuelles sur qui a contribué à quoi «et qu’on ignore si on peut s’y fier», il est difficile de garder la vue d’ensemble. «Il faut donc plus d’informations pour parvenir à déceler si ces personnes sont capables de mener des recherches de façon indépendante. »
Il en résulte que ce sont plutôt les plus expérimentés qui obtiennent des fonds et des emplois. L’économiste conseille ainsi aux personnes en début de carrière de choisir en toute connaissance de cause dans quelle équipe elles souhaitent faire de la recherche: «Chez une grande scientifique célèbre, qui a beaucoup de monde dans son laboratoire, on n’attire peut-être pas l’attention. Un laboratoire plus petit offre peut-être plus de possibilités.»