LIBERTé SCIENTIFIQUE
Neutralité des universités mise en doute
Le Conseil d’Etat vaudois impose une «communication scientifique neutre» à l’Université de Lausanne.
Les manifestations en faveur de Gaza à l’Université de Lausanne en début d’année ont animé les débats du Conseil d’Etat vaudois au sujet du Plan stratégique pluriannuel de la haute école cantonale. Fin août, une phrase du document selon laquelle «la communication scientifique au service de la société doit être encouragée» s’y est retrouvée sous les feux de l’actualité. Selon le quotidien «20 minutes», le conseiller d’Etat UDC Cédric Weissert a été dérangé par le fait que, pendant les protestations, des scientifiques qui travaillaient avec Israël ont été cloués au pilori. Il préférait donc encourager une communication scientifique «qui respecte la neutralité scientifique». Malgré l’indignation de Carine Carvalho, conseillère d’Etat socialiste et collaboratrice de l’université, pour qui «Les chercheurs ne peuvent pas se taire face à des faits scientifiques», l’amendement a été adopté.
Depuis, la presse s’est détournée du sujet. Mais en mai, la neutralité était encore un thème important. Ainsi, 20 professeures et professeurs suisses de philosophie se sont exprimés fin mai dans Le Temps. Bien que souvent en désaccord sur le fond, tous s’entendent sur le fait qu’une université devrait être politiquement neutre. Sinon, elle perdrait sa crédibilité et sa légitimité. Si des personnes aux opinions différentes étaient dissuadées de les défendre, une haute école deviendrait dogmatique.
En revanche: «La neutralité de l’institution n’interdit nullement aux enseignants et chercheurs de prendre position. Ceux-ci ont le droit de défendre de manière argumentée (...) toute hypothèse, aussi controversée et hétérodoxe soit-elle.» Cela ne donne pas carte blanche à l’activisme au travail. La liberté inclut aussi «le devoir de s’informer» des opinions adverses, de «les présenter aussi précisément que possible» et «de ne pas les dénigrer».