Les habitants d'un quartier pauvre de la ville de Chan Junis boivent de l'eau – la scène date de 2013. La précieuse ressource est certes utilisée comme moyen de pression, mais n'est pas à l'origine des trois guerres qui ont ravagé la bande de Gaza depuis lors. | Photo: Keystone/Ali Ali

L’eau est déjà – ou sera certainement un jour – à l’origine de conflits armés dans le monde. L’ensemble de la rédaction en était convaincu. D’où notre projet pour le dossier principal de ce numéro d’Horizons: examiner comment les guerres de l’eau pourraient être évitées, voire résolues. Lors de nos recherches préliminaires, il est toutefois rapidement apparu de manière très claire que notre postulat de départ des guerres de l'eau était un mythe – manifestement ancré assez solidement. «La prochaine guerre au Proche-Orient sera menée pour l’eau», disait déjà en 1985, selon la BBC, Boutros Boutros-Ghali, alors ministre égyptien des Affaires étrangères et futur secrétaire général de l’ONU.

«Notre postulat de départ des guerres de l’eau était un mythe – manifestement ancré assez solidement.

Nous avons donc adapté notre thème principal. L’eau joue bien sûr un rôle dans les conflits et la pénurie d’eau est indubitablement un problème accru par la croissance démographique et le changement climatique. D’autres secrétaires généraux de l’ONU l’ont également dit. Notre dossier se concentre ainsi sur la manière de résoudre les conflits à bas seuil liés à l’eau et de remédier à la pénurie d’eau – en Argovie, en Suisse et dans le monde entier.

Adapter notre compréhension du monde au résultat de nos recherches n’était pas un exploit. Nous n’y avons pas dédié notre carrière et cela n’a pas affecté nos valeurs fondamentales, que nous aurions dû changer. Pourtant, que ce soit dans le journalisme, en sciences ou dans la vie en général, il est essentiel de mettre de temps à autre son opinion en accord avec les nouvelles connaissances. En 2017, Tania Lambrozo, psychologue à l’Université de Princeton, le formulait de manière plus élégante sur le blog Edge: «L’évaluation systématique de possibilités alternatives est une caractéristique de la pensée scientifique, mais elle ne se limite pas à la science.»