BIODIVERSITÉ
La terre perd sans cesse de précieux biotopes humides
Une carte mondiale des biotopes humides montre où elles ont été perdues à cause des activités humaines et où des mesures de protection pourraient encore être utiles.
Les milieux humides abritent une immense biodiversité, réduisent le risque de crues et stockent le carbone. Malgré leur importance, au cours des 300 dernières années, l’humanité a détruit des zones humides dont la surface équivaut à celle de l’Inde, a découvert une équipe de recherche internationale avec participation suisse.
Les scientifiques ont rassemblé des milliers de jeux de données locales afin d’extrapoler l’ampleur historique de ces pertes au niveau mondial. A cette fin, elles ont combiné les statistiques nationales avec des enregistrements régionaux et ont modélisé des cartes de zones humides. «Rassembler et harmoniser les nombreux jeux de données individuels a été un travail extrêmement laborieux, note Benjamin Stocker de l’Université de Berne. Mais nous disposons désormais d’une vue d’ensemble de la situation sans précédent, basée sur des données.»
Ce travail fastidieux a révélé que même si un cinquième de tous les biotopes humides a disparu, il subsiste encore d’importantes surfaces qui peuvent être protégées. «Nos résultats montrent donc aussi une opportunité», note Benjamin Stocker. Les informations spatiales livrées par le jeu de données documentent les endroits où se trouvent encore des zones humides intactes particulièrement vastes: surtout au Nord – au Canada et en Sibérie – ainsi que dans les forêts tropicales comme celles du Congo ou d’Amazonie.
Il n’existe toutefois pas de solution mondiale unique pour préserver ou renaturer les zones humides. En effet, selon la région, les biotopes ont été détruits à des fins différentes. Dans de grandes parties de l’Asie, ils ont ainsi été transformés en rizières, tandis qu’en Europe du Nord, ils ont été victimes de l’exploitation forestière. En Russie, en Irlande et en Finlande, plusieurs milliers d’hectares de marais ont été anéantis par l’exploitation de la tourbe.
Dans certaines régions d’Europe et d’Asie, jusqu’à 90% des milieux humides sont ruinés. Il est dès lors d’autant plus important de protéger les zones qui restent, indique Benjamin Stocker, afin que l’humanité puisse continuer à compter sur leur fonction primordiale pour la protection du climat, la biodiversité et la régulation des eaux.