Dis-moi où sont passés les arbres
Une comparaison avec d’autres régions tropicales montre que les incendies étendus sur Madgascar n’ont rien d’exceptionnel. La responsabilité du recul de la forêt est ailleurs.
Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les grands feux les responsables du déclin des forêts à Madagascar, mais principalement les activités agricoles.
«Notre étude est la première du genre à caractériser les régimes d’incendie de l’île et à les comparer aux tropiques globaux en utilisant des données de télédétection par satellite », explique l’auteure principale Leanne N. Phelps, de l’Université d’Edimbourg, qui est parvenue à cette conclusion. L’étude montre entre autres que les zones d’incendie sur l’île sont similaires à presque 90% aux surfaces tropicales brûlées au niveau mondial. Elles n’ont donc rien d’exceptionnel.
Pour la chercheuse, le résultat le plus surprenant de l’étude est que «la perte de forêt plus élevée par rapport aux tropiques globaux n’est pas expliquée par les incendies à grande échelle». Au contraire: elle est observée dans des zones non touchées par ces phénomènes et s’explique par des facteurs complexes de dégradation qui peuvent augmenter le risque d’incendie. Par exemple, le défrichement actif pour l’agriculture.
Enfin, les incendies de grande ampleur (plus de 21 hectares) provoqués par l’humain le long des limites forêt-savane/prairie, soupçonnés de contribuer à la déforestation rapide de l’île, semblent être mis hors de cause. L’étude démontre en effet qu’ils ont diminué ces vingt dernières années. Pendant ce temps, la destruction des forêts se poursuit néanmoins. Les pertes d’arbres se concentrent d'ailleurs à l'intérieur des forêts.
N. Phelps et al.: Madagascar's fire regimes challenge global assumptions about landscape degradation. Global Change Biology (2022)