Les mères donnent généralement un rein à leurs enfants lorsque ceux-ci en ont besoin. Dans le cas inverse, elles en acceptent rarement un de leurs enfants. | Photo: Sören Stache/DPA/Keystone

En Suisse, les dons d’organes par des personnes vivantes représentent un tiers des transplantations rénales. L’avantage est qu’ils comptent moins de risques de rejet que la transplantation d’organes provenant de personnes décédées. Et le délai d’attente est nettement plus court et les risques pour les donneurs sont gérables. Une étude révèle que les personnes en attente d’un rein ne peuvent pas toutes compter dans une même mesure sur un donneur vivant.

Pour les observations, menées dans le cadre de l’étude de cohortes de Swiss Transplant (STCS), les chercheurs ont interrogé presque tous les 2000 bénéficiaires d’une première transplantation rénale entre 2008 et 2017. Il est apparu que la probabilité de recevoir un rein était moindre pour les patients plus âgés, peu formés, en capacité de travail partielle ou sans relation de couple stable.

«L’offre vient en général des donneurs eux-mêmes.»Jürg Steiger

Mais pourquoi l’âge ou la formation influencent-ils les chances de recevoir un don d’une personne vivante? Premièrement, la probabilité que les parents, les frères et soeurs ou un partenaire soient compatibles diminue avec le temps. «Le don le plus simple est celui des parents, respectivement de la mère à l’enfant. Cette option se heurte rarement à un refus», note Jürg Steiger, directeur médical de l’Hôpital universitaire de Bâle et chercheur principal de l’étude. Par contre, un don de son propre enfant, surtout s’il est bien plus jeune, n’entre que très rarement en ligne de compte. Un don d’organe de personne vivante sur trois provient ainsi d’un conjoint ou d’un partenaire.

Les personnes de formation supérieure sont en général mieux informées des avantages et des risques du don d’une personne vivante et osent probablement davantage en parler autour d’elles. Non pas pour demander directement que leur interlocuteur se dévoue – la plupart des patients n’y arrivent pas – mais pour clarifier les choses. «L’offre vient en général des donneurs eux-mêmes», note Jürg Steiger. Des informations précises et des discussions approfondies avec les médecins sont donc une bonne façon de rétablir un certain équilibre au niveau des chances. Le scientifique conseille d’y impliquer les partenaires et membres de la famille au plus tôt.

R. Achermann et al.: Demographic, psychosocial and health disparities between living and deceased renal allograft recipients in Switzerland. Swiss Medical Weekly (2021)