POLITIQUE DE LA FORMATION
Relève au pays des hautes écoles
L’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle devient haute école fédéral selon la loi sur la HEFP. Cela ne fait pas l’unanimité.

La maîtresse d’apprentissage forme l’apprenant: dans le cadre du concept Covid-19 de l’association GastroAargau, les diplômes professionnels sont assurés | Photo: Ennio Leanza/Keystone
Lorsque les enseignants et enseignantes d’écoles professionnelles et les experts et expertes aux examens doivent se former, c’est à l’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (IFFP) – à Zollikofen près de Berne, à Lausanne ou à Lugano. Ce sera toujours le cas, à une différence près: l’institut devrait devenir la 37e haute école de Suisse en août 2021.
Ce qui ressemble à un simple acte bureaucratique est pour l’heure la dernière étape d’un long voyage débuté il y a des années. Bien que l’IFFP existe depuis un demi-siècle (lire encadré ci-contre), son mandat n’a pratiquement jamais été réglementé à ce jour. Le Parlement a désormais adopté la loi sur la HEFP, qui doit entrer en vigueur le 1er août 2021.
L’unanimité de tous les partis pour la deuxième mouture du projet n’allait pas de soi. Lors de la consultation, l’Union patronale suisse critiquait l’orientation «trop académique » de la loi. «La proximité avec l’économie et le monde du travail a une longue tradition à l’IFFP. Elle est quasi inscrite dans notre ADN», rétorque Barbara Fontanellaz, directrice de l’institut. «Cela ne va pas changer.»
Concurrence et coopération
Cependant, swissuniversities n’a pas non plus sauté de joie à l’annonce de ce changement: l’IFFP ne propose que deux filières conformes au régime de Bologne (bachelor et master en formation professionnelle) avec peu de diplômés. Une maturité professionnelle suffit en outre pour s’inscrire, alors que les hautes écoles pédagogiques exigent une maturité gymnasiale. L’organisation reproche aussi à l’IFFP de «nuire au principe de subsidiarité en proposant des offres concurrentes», comme le déplore Heinz Rhyn, recteur de la HEP de Zurich. La concurrence existe en effet déjà. «Je comprends la critique, souligne Barbara Fontanellaz. Mais nous avons un mandat national et le réalisons pour toute la Suisse.»
Selon Barbara Fontanellaz, le chevauchement avec les HEP est limité, puisque celles-ci s’adressent avant tout aux futures enseignantes de l’école primaire. «Nous ne les formons pas du tout. Nous qualifions des professionnels pour leur travail dans leur champ d’activité et cela justifie l’admission avec une maturité professionnelle», note la directrice. En effet, à l’issue de leur formation, les titulaires d’un bachelor et d’un master sont proches de la formation professionnelle, travaillant souvent dans l’administration publique, les organisations faîtières, les écoles professionnelles et la recherche. Cette dernière est un pan d’activité important de l’IFFP. «La pandémie a montré que l’institut peut proposer un savoir pertinent, par exemple pour l’entrée des jeunes dans la vie professionnelle», note Barbara Fontanellaz. Dans ce cadre, l’accent est mis sur la coopération avec des universités et des hautes écoles. Personne ne parle d’une situation de concurrence à ce sujet. Même Heinz Rhyn reconnaît que «pour la Haute Ecole pédagogique de Zurich, l’IFFP est un partenaire important dans la recherche et le développement de thèmes liés à la formation. Il existe aussi des coopérations en matière de formation continue.»
La nouvelle haute école entend être accréditée à la fin 2022. «Comme le processus législatif a pris du retard, le temps presse, constate Barbara Fontanellaz. Mais c’est un élan positif pour notre développement.»