Le personnel d'un hôpital de Chicago a également soutenu les manifestations Black Lives Matter en juin 2020. | Photo: Edward Elmhurst Health

«J’ai pris conscience que les conférences scientifiques pouvaient représenter un danger pour les Noirs quand les pratiques policières ne sont pas prises en compte dans le choix des villes où elles se tiennent.» Après la mort de George Floyd, tué par des policiers à Minneapolis en mai 2020 alors qu’il n’était pas armé, le physicien Philip Phillips a voulu faire quelque chose. Avec un collègue, il a écrit une lettre ouverte exhortant les associations scientifiques à prendre des mesures concrètes. Une suggestion: les réunions annuelles, qui amènent des milliers de visiteurs et beaucoup d’argent, ne devraient plus être organisées dans des villes où le maintien de l’ordre est douteux. En novembre 2020, la Société américaine de physique (APS) a annoncé qu’elle en tiendrait compte dans ses choix. Parmi ses critères: l’existence d’une instance d’enquête indépendante sur les fusillades et les décès impliquant la police, et la mise à disposition de données transparentes sur les violences policières et d’informations démographiques sur les victimes. «C’est un pas considérable pour l’APS», dit Ximena Cid, responsable du département de physique de l’Université d’Etat de Californie à Carson. Elle a expliqué, dans la revue Nature, que les scientifiques noirs devaient souvent être plus prudents au restaurant, à l’hôtel et à leur arrivée et leur départ d’un centre de conférences.

«C’est un progrès considérable.»Ximena Cid

La décision de l’APS a un exemple historique de taille: les boycotts contre l’Afrique du Sud, aujourd’hui considérés comme une contribution de poids à la fin de l’apartheid. Sur Twitter, des scientifiques citent cet exemple pour applaudir l’APS. Selon Nature, cette organisation a déjà pris une mesure analogue en faveur des personnes trans lorsque, en 2018, elle a déplacé une réunion après que l’Etat de Caroline du Nord eut adopté une loi imposant l’utilisation des toilettes publiques conformément au sexe inscrit sur l’acte de naissance.