Personnalités
Un regard attentif sur des questions apparemment marginales
La recherche néglige de nombreux sujets: la place des animaux dans la société par exemple, la reproductibilité des expériences ou encore les différences entre hommes et femmes face aux maladies. Trois chercheurs examinent précisément ces questions.
Charlotte E. Blattner est maître – assistante en droit public à l’Université de Berne et spécialisée en droit des animaux. Lauréate du Prix Marie Heim- Vögtlin 2020, ses recherches sont connues dans toute la Suisse. L’hebdomadaire Das Magazin lui a consacré une grande interview. Elle y montre les effets désastreux de la mondialisation sur les animaux et pourquoi dans la transmission du coronavirus le problème ne vient pas des chauves – souris mais de l’homme. Elle exhorte à changer de point de vue sur les «autres animaux» et à les reconnaître comme des membres de la société. «En tant que tels, ils ont le droit de vivre leur vie comme ils l’entendent et d’être pris en considération dans la définition du bien commun.»
Leonhard Held est professeur de biostatistique à l’Université de Zurich, où il dirige le Centre pour la science reproductible. Avec des collègues de Berne, Genève et Zurich, il vient de fonder un réseau pour la promotion de la reproductibilité des études scientifiques. Il fait partie d’un mouvement international qui prend de l’ampleur et vise à l’amélioration de la crédibilité des sciences empiriques. «Les résultats de nombreuses études scientifiques publiées s’avèrent inconsistants par la suite. Nous voulons transmettre aux chercheurs les concepts et les méthodes nécessaires pour renforcer la prévention de ce genre de situation», explique Leonhard Held.
Catherine Gebhard est cardiologue à l’Hôpital universitaire de Zurich et étudie les différences entre les sexes face à la Covid- 19. Dans le Blick et sur SRF, elle explique pourquoi les hommes ont tendance à être plus sévèrement atteints. On suppose que «les hormones sexuelles telles que les oestrogènes et la testostérone influent sur les protéines par lesquelles le virus pénètre les cellules. Ce qui pourrait le laisser entrer plus facilement dans les cellules masculines.» Ces différences sont généralement trop peu prises en considération par la médecine. Et ce sont souvent les réactions spécifiques des femmes qui sont méconnues, de nombreux tests n’étant effectués que sur des hommes.