DISTINCTIONS
Recherche remarquablement absurde
Les Prix Ig–Nobel sont, eux aussi, décernés chaque année. Cette fois-ci, des chercheurs ont notamment été distingués pour un couteau fait d’excréments, des sourcils narcissiques et le «french kiss».
«Notre objectif est de faire rire les gens d’abord, pour les amener à réfléchir ensuite. Nous espérons éveiller leur curiosité pour qu’ils se demandent: comment décidet- on de ce qui est important ou pas, de ce qui est réel ou pas? – tant dans les sciences que partout ailleurs.»
C’est en ces termes que les responsables de la plateforme «Improbable Research» décrivent leur projet. Ils décernent chaque année dix Prix Ig-Nobel (un jeu de mots créé sur «ignoble» en anglais) durant la période où sont désignés les Prix Nobel. Cette année, par exemple, l’anthropologue Metin Eren a gagné dans la catégorie Science des matériaux. Avec son équipe dans l’Ohio, il a cherché à reconstituer un récit de la mythologie indigène dans lequel un Inuit sculpte un couteau avec ses excréments gelés pour tuer un chien et construire un traîneau avec ses os. Metin Eren lui-même n’a toutefois pour sa part pas réussi à abattre un animal avec un tel couteau.
La lauréate en psychologie, la Canadienne Miranda Giacomin, a quant à elle développé avec son équipe une méthode pour reconnaître les personnalités narcissiques à leurs sourcils, alors que le gagnant en économie, le Britannique Christopher Watkins, a tenté avec son équipe d’établir une relation entre les disparités de revenus de plusieurs pays et le nombre de «french kiss».
Lors de la cérémonie virtuelle, Metin Eren a déclaré qu’il avait toujours rêvé de remporter le Prix Ig-Nobel et a expliqué ainsi sa recherche, non subventionnée: «Il s’agissait d’un appel humoristique à tous à collecter des faits et à vérifier des preuves. Le récit que nous avons reconstitué est une histoire de l’extraordinaire ingéniosité humaine, mais nous devons tout mettre en question et fournir des preuves pour tout ce qui étaye les positions qui nous tiennent particulièrement à coeur – en particulier en ces jours sombres.»