«Ce ne sont plus des beaux textes, mais le contenu est de qualité»
Lancé le 2 mai 2019, le nouveau média romand Heidi News a fait un choix atypique pour sa première rubrique: la science. Quelque 2000 personnes ont acheté un abonnement au prix de 160 francs par an. Olivier Dessibourg, cofondateur et rédacteur en chef adjoint, se dit optimiste.
Comment va Heidi News?
Très bien. C’est comme une source qui déborde: nous avons plein d’idées et d’entrain.
La dizaine d’articles publiés chaque jour combine contenus originaux et reprises d’autres médias. Pourquoi ce mélange?
La rédaction est semblable à un radar qui capte les bruits venant du monde scientifique. Nous approfondissons les nouvelles les plus fortes, ce qui envoie un signal fort. Les nouvelles plus faibles sont retransmises telles quelles – un tweet peut parfois suffire. Nous nous voyons comme des curateurs: nous sélectionnons pour nos lecteurs ce qui est essentiel.
Votre média souligne qu’il se veut entièrement au service de ses lecteurs, qui doivent aussi assurer son financement.
Qui offre un journalisme de qualité doit pouvoir en vivre. L’information de haut niveau n’est pas gratuite. Et 160 francs, ce n’est pas beaucoup. Nous ne croyons pas à la publicité: 80% de ses revenus vont à Google et à Facebook. Entrer dans cette compétition n’est pas sensé. Voilà pourquoi nous misons sur les abonnements. En outre, des privés ont investi un million de francs. Mais nous devons déjà réunir l’argent pour la deuxième phase. Dans ce but, nous prévoyons la création d’une fondation, entre autres. Les textes sont fortement balisés, avec des formules telles que «Pourquoi c’est important ».
Les lecteurs ont-ils vraiment besoin de cela?
Ils l’apprécient. Aujourd’hui, 80% des articles sont lus sur des smartphones, et presque personne ne lit un texte continu de 8000 signes sur son mobile. Nous imaginons comment nous brieferions un CEO pour une séance où il devra expliquer en cinq minutes un problème complexe. Nous avons donc libéré les textes de tout ce qu’on y trouve d’habitude: un début captivant, des transitions élégantes. Ce ne sont plus des beaux textes, mais le contenu est de qualité.
Mais c’est la voie contraire qui est suivie par vos «Explorations», publiées en plusieurs épisodes qui sont tous très longs. En définitive, sur quoi misez-vous?
Sur les extrêmes. Tout ce qu’il y a entre les deux est éliminé. On veut soit lire une grande histoire sur son ordinateur ou sa tablette, soit les dernières news sur son smartphone.
Heidi News se concentre pour l’instant sur la science. Vous voulez lancer une nouvelle rubrique tous les six mois. Jusqu’à quel point pensez-vous vous étendre?
Nous cherchons des sujets de niche pour lesquels il existe une communauté. Nous avons commencé par la science, mais ne voulons pas nous limiter à elle.
Au fait, pourquoi «Heidi»?
Ce nom est évidemment une marque de Swissness. Mais réduit à ses consonnes, il donne HD, ou High Definition. C’est aussi notre logo. Nous offrons un journalisme HD. Le nom ne plaît pas à tout le monde. Mais on ne l’oublie pas.